Bonjour à tous ! Comme ça faisait un petit moment que je n’avais pas écrit d’article historique, je me suis dit qu’après mes deux chapitres sur l’Histoire de la Bretagne, il était temps de s’attarder sur la figure emblématique d’Anne de Bretagne. Je vous laisse donc découvrir son histoire !
Anne de Bretagne est née un 25 ou 26 janvier 1477 à Nantes. À cette époque, les jeunes filles ne comptaient pas dans la société médiévale. Il n’y a donc pas de traces de sa date exacte de naissance. Il en est de même pour les premières années de sa vie ou son éducation.
Selon toutes probabilités, la fille du duc de Bretagne François II (1435-1488) et de sa seconde épouse la princesse de Navarre Marguerite de Foix (1449-1486) reçoit la même éducation que les nobles de son époque. Elle apprend le Français et ne saura ni parler ni comprendre le breton.
Anne de Bretagne, instrument de la politique de François II
François II n’ayant pas d’héritiers mâle, il décide de faire reconnaître sa fille Anne héritière. Cela lui permet d’éloigner la menace d’une nouvelle crise dynastique pour la Bretagne ou de voir son duché annexé au Royaume de France.
Afin d’obtenir des aides financières ou militaires, le duc de Bretagne promet sa fille à de nombreux princes, français ou étrangers. C’est également pour lui une façon de renforcer sa position contre le roi de France. Savants calculs politiques… Anne sera d’ailleurs fiancée dès ses 4 ans au prince de Galles, Edouard, fils du roi Édouard IV.
Francois II meurt le 9 septembre 1488. Anne a onze ans et son père lui a fait promettre de ne jamais céder au Royaume de France. Au décès du duc, le roi de France, Charles VIII, réclame la tutelle d’Anne et de sa soeur Isabeau. Celle-ci lui est refusée par Jean de Rieux qui avait été nommé par François II tuteur de sa fille Anne. Le Roi entre alors en guerre contre le duché de Bretagne le 7 janvier 1489.
Cette guerre va pousser le parti breton à proclamer Anne duchesse souveraine légitime de Bretagne, le 15 février 1489. Le 4 janvier 1490, Anne de Bretagne annonce que les sujets qui la trahiraient en se ralliant au camp du roi de France seraient reconnus coupables du crime de lèse-majesté.
Les mariages de la Duchesse
Afin de poursuivre ses alliances contre le roi de France, Anne de Bretagne épouse en premières noces le roi des Romains, Maximilien Ier, le 19 décembre 1940. Ce mariage réintroduit donc un ennemi de la France dans le duché de Bretagne. Au Printemps 1491, Charles VIII met le siège devant Rennes (où se trouve Anne), afin de la pousser à renoncer à son mariage.
Malgré des renforts, la ville ne parvient pas à résister et est contrainte de se rendre. Le Roi de France y fait son entrée le 15 novembre. Les deux parties signent alors le Traité de Rennes. Celui-ci met fin à la quatrième campagne militaire royale dans le duché. Le traité pousse également la duchesse à se fiancer à Charles VIII le 17 novembre, celle-ci ayant refusé toutes les propositions de mariage des princes français.
Elle épouse le roi le 6 décembre 1491. Le contrat de mariage comprend une clause de donation mutuelle au dernier vivant de leurs droits sur le duché de Bretagne. Si elle vient à mourir en premier, le duché reviendra donc au roi. Mais si ce dernier meurt avant, elle récupère l’entièreté des ses droits. Le contrat stipule par ailleurs qu’en l’absence d’un héritier mâle, Anne ne pourra épouser que le successeur de Charles VIII.
Anne de Bretagne, duchesse deux fois reine de France
Il est important de noter que les droits de la couronne de France étant inaliénables, ils ne sont pas propriété du roi. Ils ne peuvent donc en aucun cas revenir à Anne de Bretagne en cas de décès de Charles VIII. Par cette union, Anne de Bretagne devient néanmoins reine de France. Elle est la première reine à être sacrée et couronnée à Saint-Denis le 8 février 1492.
De cette union naissent six enfants. Tous meurent en bas âge. À la mort de Charles VIII le 7 avril 1498, Anne de Bretagne redevient donc la souveraine légitime du Duché de Bretagne. Elle rétablit alors la Chancellerie en Bretagne. Elle devient également la première reine de France mécène, en ayant à son service les poètes et les musiciens les plus célèbres de son temps.
Seulement quelques jours après le décès de Charles VIII, le principe de son mariage avec le nouveau roi Louis XII est acquis. Cette fois-ci, le contrat de mariage est conclu différemment. Ce nouveau contrat lui reconnaît l’intégralité des droits sur la Bretagne. Il fait d’elle la seule héritière du duché et du titre de duchesse de Bretagne. Il stipule en particulier que la propriété du duché passerait au second fils (ou fille) qui naitrait de son mariage et non à l’héritier du trône de France. Le mariage est conclu début janvier 1499.
Héritage de la duchesse
En Bretagne, le pouvoir régalien est exercé par Louis XII en tant que prince consort usufruitier. La Reine vit alors à Blois. De cette union avec Louis XII, seules deux filles vont vivre plusieurs années. Claude de France, la fille ainée, nait en 1499. Sa soeur, Renée de France, nait en 1510.
Claude de France est dans un premier temps fiancée à Charles de Luxembourg pour faciliter la conduite de la 3ème guerre d’Italie. Ces fiançailles sont cependant rompues une fois toutes menaces écartées. Claude est alors fiancé au comte d’Angoulême, François de Valois, futur roi François Ier. Sa mère refusera ce mariage jusqu’au bout. Celui-ci ne sera d’ailleurs célébré que quatre mois après sa mort.
La duchesse Anne de Bretagne meurt le 9 janvier 1514, au petit matin. Elle a néanmoins pris soin de dicter son testament et la partition de son corps. La reine est inhumée dans la nécropole royale de la Basilique de Saint Denis. Ses funérailles, d’une ampleur exceptionnelle, durent quarante jours ! Conformément à ses dernières volontés, son coeur est placé dans un écrin en or. Il est transporté à Nantes et placé dans le tombeau de ses parents.
Même si Renée aurait dû hériter du duché, celui-ci revient à sa soeur et surtout à son mari, le duc de Valois. Celui-ci succède dès 1515 à son beau-père sous le nom de François Ier. Contrairement à sa cadette, Claude semble en effet n’avoir aucun intérêt pour la politique et pour l’héritage de sa mère.
L’intégration de la Bretagne au royaume de France
Le royaume de France, grâce au mariage du futur roi François Ier récupère donc les droits sur le duché de Bretagne en 1514. Il impose en effet à se femme devant notaire de lui donner, d’abord à vie puis à titre d’héritage perpétuel, le duché de Bretagne. Cet héritage perpétuel n’interviendrait qu’en l’absence d’héritier mâle. Dans son testament, Claude légua néanmoins le duché à son fils ainé, le dauphin François.
François Ier ne fait pas de changements institutionnels majeurs en Bretagne mais y place des gens de confiance. Cette stratégie vise à gagner la fidélité et la confiance de la noblesse bretonne. Elle lui permet de prendre le contrôle du duché en douceur.
L’année 1532 est celle de l’aboutissement de cette stratégie d’intégration. Les États de Bretagne, réunis à Vannes le 4 août 1532, reconnaissent le dauphin François comme duc. Ceci aboutit à la promulgation de l’édit d’union le 13 août à Nantes, réunissant la Bretagne au royaume de France. Le fils ainé de François Ier est alors couronné duc le 14 août, sous le nom de François III. Ce dernier meurt 4 ans après et c’est son frère Henri qui hérite donc du titre de duc de Bretagne.
Lettres patentes proclamant la réunion perpétuelle du duché de Bretagne à la couronne de France, août 1532. Archives nationales.
La Bretagne gardera néanmoins ses privilèges, notamment fiscaux. Les juridictions bretonnes sont également conservées et un parlement est créé en 1554 afin de juger les bretons en Bretagne. Ce statut d’autonomie dont jouit alors la Bretagne sera abrogé à la Révolution.
C’est ainsi que je termine ce point historique sur la duchesse Anne, grande figure en Bretagne. J’espère que vous aurez appris des choses !
Lectures complémentaires
Si l’histoire de la Bretagne vous intéresse, j’ai déjà écrit deux articles sur ce sujet. Vous pouvez commencer par lire le chapitre 1 (de la préhistoire au 18ème siècle) et enchainer ensuite avec le second chapitre qui traite de l’époque contemporaine, du 19ème à nos jours. Bonne lecture !
Cet article est le fruit de nombreuses recherches et lectures. Pour bien commencer, vous pouvez lire l’article de Wikipédia sur Anne de Bretagne. Je vous conseille également le livre de Charles Barthélémy, Histoire de la Bretagne ancienne et moderne, qui bien que très ancien (1854) apporte un bel éclairage sur l’Histoire de la Bretagne.